paradis infernal

Tout le monde parle du paradis, tout le monde espère s'y faire une place, même petite. Moi j'ai peur de ce pardis là, peur qu'il soit une autre terre où tout le monde juge, où tout le monde épie vos gestes, vos attitudes. Ce paradis là je suis sûre qu'il n'est pas pour moi, le paradis n'est pas fait pour ceux là, ces anges déchus qui ne pleurent plus.. ceux là doivent s'envoler vers des eaux profondes, des eaux brumeuses où respirer devient de plus en plus difficile à mesure qu'on s'enfonce dans ces ténèbres.Je reconnais ces terres, ces eaux qui bouillonnent, ces paysages charbonneux.. ce sont ceux que j'imagine en rêve,ceux que je dessine, ceux qui sont encrés dans mon esprit. Ce chemin que je retrouve enfin, je comprends maintenant, à ma mort, qu'il est celui que j'ai cherché toute ma vie, ma triste vie...ma pauvre vie qui m'a tout de même conduite ici, chez moi. Je revois des visages qui m'étaient apparus en songes, elles m'observent, ces bêtes aux yeux affamées, affamées par ma crédulité, ma vulnérabilité transparente. Je m'approche doucement et je vois le reflet de mon visage dans ces yeux couleur braise et je pleure, enfin ...Je pleure à chaudes larmes d'avoir trouvé qui j'étais, de voir que je ne suis plus seule, de voir qu'ils ne me jugeront pas pour ce que j'ai fait. Me voilà libérée du fardeau de la vie et je suis de retour dans mon antre d'âme perdue, où je pourrais me lamenter, pleurer, et rire de voir ces pauvres humains se débattre au travers de leurs misérables vies..quelqu'un s'approche de moi, elle me frôle, me sent, me touche, me griffe, m'écorche pour boire une peu de mon sang,mon sang qui est devenu aussi noir que mon âme. La créature s'enfuit en gloussant de plaisir d'avoir pu goûter un peu de ce nectar encore "immaculé". Mais en s'enfuyant je remarque que la créature porte des ailes, brûlées, déchiquetées.. sommes nous alors des anges? des anges qui n'ont pas su profité de la vie, de cette chance qu'on leur avait offerte? Je sens une chaleur m'envahir, je sens que je brûle, j'hurle de douleur; toutes les bêtes se sont réunies, elles ricanent en me voyant souffrir. Elles rient car elles savent toutes ce que je vis, elles l'ont vécue à leur arrivée. Elles savent que mon voyage est sans retour possible et que je vivrais dans cet enfer sachant que nous les anges déchus avons gaché notre toute dernière chance de trouver la paix en nous donnant la mort. En reprenant nous même ce qui nous avait été attribué aveuglément, nous avions baffoués les lois de la nature, notre pénitence serait donc éternelle. Comme la peine que j'ai dans mon coeur meurtri.. mais je ne serais pas un ange déchu, je ne me tuerai pas. Je devrais vivre avec ma peine, aussi cruelle soit elle..